Les violences s’intensifient
Histoire de la dernière révélation !
Le contenu qui suit n’est proposé qu’à titre purement indicatif et n’engage que son auteur. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre mosquée locale.
Nous nous plaçons sous la protection d’Allah (Exalté soit-Il) pour la réussite de nos œuvres et demandons Son Pardon pour les erreurs émanant de nos âmes.
Fraternellement vôtre… Bilal Muezzin !
Résumé :
Malgré la patience dont font preuve les Musulmanes et les Musulmans grandement éprouvés, les campagnes de répressions s’intensifient contre la communauté du Prophète Mohammed (paix et prière d’Allah sur lui) allant jusqu’à faire deux victimes en la personne de Soumaya et de son mari Yasir (qu’Allah les agrée) qui succombent sous la tyrannie d’Abu Jahl. Las de leur impuissance, certains s’impatientent même de la venue du secours d’Allah (Exalté soit-Il). Après un ultime échec de négociation entre les notables Mecquois et Abu Talib pour qu’il fasse cesser les appels à l’Islam de son neveu, ces derniers décident de généraliser la répression en y incluant désormais celles et ceux que le statut social protégeait jusque là…
HISTOIRE :
La violence s’intensifie
Tous ces efforts d’Abû Bakr et d’autres musulmans pour venir en aide à leurs frères brutalement torturés par de jeunes hommes appartenant aux familles les plus privilégiées de Quraysh ne pouvaient cependant pas réduire de façon significative la pression exercée sur les musulmans. C’était d’ailleurs plutôt l’inverse : à chaque victime libérée par Abu Bakr, la persécution de ceux qui étaient encore en captivité s’intensifiait ; à chaque nouvelle conversion à l’islam, la violence de la torture augmentait.
Khabbâb ibn al-Aratt avait été kidnappé dans la région de son clan alors qu’il était encore tout jeune. Amené à La Mecque, il avait été vendu à un homme du clan des Khuzâ’a. C’était l’un des tout premiers musulmans et il souffrit donc plus que les autres. Les négateurs essayèrent toutes sortes de tortures. Ils le mirent dans un feu et le battirent violemment. Ils le frappèrent à coups de pieds et à coups de fouet, mais il resta aussi ferme qu’une montagne. Un jour, ils arrachèrent ses vêtements et le couchèrent sur des pierres chauffées dans le feu, tout en lui tordant le cou. Il en garda des séquelles permanentes dans le dos, mais il était prêt à mourir pour sa foi. Il survécut à la torture et combattit les négateurs aux côtés du Prophète (saws) dans toutes les guerres qu’il mena.
Abu Fukayha était un esclave appartenant à Safwân ibn Umayya, le fils de l’ancien maître de Bilâl. Lorsque Bilâl fut libéré par Abu Bakr, ce fut Abu Fukayha qui dut supporter toute la brutalité du maître de Jumah. Il fut traîné sur le sable brûlant et torturé jusqu’à ne presque plus pouvoir parler. Un scarabée passa près de lui et Umayya, le montrant, dit : « C’est ton Seigneur, n’est-ce pas ? » Abu Fukayha répondit : « Dieu est mon Seigneur, ton Seigneur et le Seigneur de cette créature. » Il fut presque étranglé pour avoir dit cela.
Le frère d’Umayya, Ubayy, l’encourageait à intensifier la torture en disant : « Que Muhammad vienne donc le libérer par sa sorcellerie. » Ils ne le laissèrent que lorsqu’ils le crurent mort. Certains récits relatent qu’il aurait lui aussi été acheté et libéré par Abu Bakr, mais cela n’est pas absolument confirmé puisque la plupart des récits placent à sept le nombre total d’esclaves libérés par Abu Bakr et que ces sept personnes ont déjà été mentionnées.
Ceux qui souffrirent le plus de la campagne de terreur organisée par les Quraysh furent un couple de vieillards et leur fils unique âgé d’environ trente-cinq ans. Yâsir, le père, était originaire d’une tribu yéménite. Il était venu à La Mecque dans sa jeunesse pour chercher son frère. Se plaisant à La Mecque, il voulut y rester. Il contracta donc une « alliance » avec son hôte, un notable du clan des Makhzûm auquel appartenait aussi Abu Jahl. Une telle alliance signifiait que Yâsir devait rester fermement attaché à la tribu de son allié, qui en échange de sa protection le chargeait de toutes les tâches dévolues aux membres les plus faibles de la tribu.
Sans un lien de ce type, aucun individu ne pouvait espérer survivre dans la société arabe de l’époque. Yâsir épousa Sumayya, une servante de son allié, qui donna naissance à leur fils unique, Ammâr. Yâsir n’eut jamais à regretter sa décision de rester à La Mecque ; il y vécut heureux, malgré son rejet instinctif de l’idolâtrie. Lorsque le Prophète (saws) commença à prêcher son nouveau message, Ammâr fut parmi les premiers à y adhérer. Il se joignit au petit groupe de musulmans qui se réunissait autour du Prophète (saws) chez al-Arqam.
‘Ammâr eut tôt fait de persuader ses parents de devenir eux aussi musulmans. Leur vie heureuse fut bientôt brisée par Abu Jahl, qui avait réuni une force composée de jeunes gens et d’esclaves pour l’aider dans ses persécutions. Il voulait faire de Yâsir et de sa famille un exemple pour tous ceux qui envisageaient d’adhérer au nouveau message de l’Islam. Il organisa une forme de torture progressive des parents et de leur fils dans le but de leur faire apostasier l’iIslam. Or, plus la torture augmentait, plus les trois victimes manifestaient leur détermination à conserver leur foi.
Le Prophète (saws) passa près d’eux un jour tandis qu’on les torturait. Il ne pouvait rien faire pour les libérer. Il leur donna néanmoins le meilleur des encouragements en leur disant : « Yâsir et sa famille, soyez endurants. Nous nous retrouverons au Paradis. » Après des semaines de tortures diverses, Sumayya dit à son bourreau ce qu’elle pensait de lui et de ses méthodes. Furieux, Abu Jahl la frappa de sa lance dans ses parties intimes. Puis, se tournant vers son époux qui était allongé sur le sable brûlant, il lui donna des coups de pieds dans la poitrine jusqu’à ce qu’il meurt.
Sumayya et Yâsir furent ainsi les deux premiers martyrs de l’histoire de l’Islam. Après la mort de ses parents, ‘Ammâr fut relâché mais seulement temporairement. Ses tortionnaires revinrent à plusieurs reprises s’emparer de lui. Après l’avoir atrocement torturé, ils lui disaient : « Nous ne te laisserons en paix que quand tu auras insulté Muhammad et fait l’éloge d’al-Lât et al-‘Uzzâ. » Un jour, ne pouvant plus supporter la torture, il fit ce qu’on lui disait. Les hommes le laissèrent alors tranquille et partirent. Lorsqu’il parvint à se relever, il alla trouver le Prophète (saws), les larmes aux yeux.
Ce dernier lui demanda ce qui le troublait, et il répondit : « Ce sont de mauvaises nouvelles, Messager de Dieu. » Il lui relata ce qui s’était passé. Le Prophète (saws) lui demanda ce qu’il ressentait au fond de son coeur. Ammâr répondit que sa foi était plus ferme que jamais. Le Prophète (saws) lui dit alors que si les idolâtres le traitaient encore de la même façon, il pouvait leur dire ce qu’ils voulaient entendre tant qu’au fond de son coeur il demeurait absolument certain de sa foi.
Lorsque la pression devint trop forte et la torture insupportable, certaines victimes se plaignirent au Prophète (saws). Khabbâb a relaté :
Nous nous plaignîmes au Messager de Dieu tandis qu’il était accoudé à l’ombre de la Ka’ba, en lui disant : « Ne peux-tu pas invoquer Dieu pour nous? » Il répondit : « Parmi les nations qui vous ont précédés, beaucoup ont été placés dans des trous creusés dans la terre et sciés en deux de la tête aux pieds. Il arrivait qu’on leur arrache la chair et les nerfs jusqu’à l’os avec un peigne de fer : cela ne parvenait pas à leur faire renier leur religion. Par Dieu, votre Seigneur ne manquera pas d’accomplir Son dessein, de sorte qu’un voyageur pourra aller de San’a à Hadramawt en n’ayant à craindre que Dieu, et le loup pour son troupeau… Mais vous êtes impatients ! »
Que pouvait faire le Prophète (saws) pour ceux de ses Compagnons qui étaient faibles et vulnérables et qu’on torturait aussi sauvagement ? Lui-même subissait sarcasmes et mauvais traitements de la part des négateurs, qui lui jetaient de la poussière sur la tête lorsqu’il priait dans la Mosquée Sacrée. Ils jetaient aussi des immondices devant sa maison. Il avait dit clairement à ses Compagnons qu’ils n’auraient rien à gagner dans l’immédiat. Il ne leur promettait qu’une lutte ardue pour laquelle Dieu leur donnerait le Paradis en récompense.
Pour eux, qu’il leur montre la voie et leur enseigne les commandements de Dieu était suffisant. Leur vie était transformée : ils avaient maintenant des préoccupations nobles à la place des plaisirs vils que les négateurs recherchaient toujours. Il ne pouvait que les rassurer sur l’authenticité du message et la justesse de la voie qu’ils suivaient. Ils recherchaient la satisfaction divine et c’était le seul moyen de la gagner.
Le Prophète (saws) resta déterminé, malgré la campagne de terreur des Quraysh. Il invitait les gens à renoncer à l’idolâtrie et à revenir à Dieu, le Créateur, qui a honoré l’homme et lui a confié la responsabilité de la terre. Comprenant que la persécution de quelques individus sans défense ne dissuadait personne d’embrasser la nouvelle religion, les chefs de Quraysh imaginèrent une nouvelle tentative pour négocier un accord.
Une nouvelle délégation se rendit chez Abu Tâlib, l’oncle et protecteur du Prophète . Tous ceux qui avaient auparavant tenté de persuader Abu Tâlib de pousser son neveu à cesser sa prédication y participaient, ainsi que quelques autres notables et un jeune homme du nom de ‘Imâra ibn al-Walîd, fils d’un personnage important de La Mecque. Ils firent à Abu Tâlib la proposition suivante:
« Nous avons emmené avec nous ‘Imâra, le jeune homme le plus intelligent et le plus vigoureux de La Mecque, pour te l’offrir comme fils. Il te sera utile, avec son courage et sa sagesse. En échange, tu nous donneras ton neveu qui s’est rebellé contre la religion suivie par toi-même et tes ancêtres et a semé la discorde parmi ton peuple et ridiculisé ses coutumes. Nous le prendrons et le tuerons, tandis que tu prendras un homme à la place d’un autre. »
Abu Tâlib répondit : « Quel marché de dupes vous me proposez là ! Vous voulez me donner votre fils à nourrir, tandis que je vous donnerais mon fils à tuer ! Cela ne sera jamais. » Al-Mutim ibn Adî, qui faisait partie de la délégation, dit à Abu Tâlib : « Les tiens t’ont fait une offre juste. Ils font de leur mieux pour t’amadouer, mais tu ne sembles disposé à accepter aucune offre. »
Abu Tâlib riposta : « Ils n’ont certainement pas été justes. Je vois que tu te joins à eux pour m’abandonner. » Le ton monta et la délégation des Quraysh finit par se retirer, extrêmement en colère.
Pour absurde que la proposition des Quraysh à Abu Tâlib puisse paraître aujourd’hui, elle représentait de leur point de vue une tentative honnête pour trouver une solution satisfaisant toutes les parties. Dans la société d’Arabie, où les liens tribaux transcendaient tous les autres et où la position d’un homme dépendait du nombre de ses enfants et du soutien sur lequel il pouvait compter, Abu Tâlib n’aurait pas sacrifié grand-chose en échangeant son neveu contre un jeune homme compétent et intelligent.
Il est intéressant de noter que la proposition était considérée comme juste par un homme comme al-Mut’im qui allait, au fil des ans, se montrer amical et bienveillant envers le Prophète (saws) et les musulmans en général. Il était en outre un cousin éloigné d’Abû Tâlib : ils avaient tous deux pour arrière-grand-père Abd Manâf ; on aurait donc pu s’attendre à ce que son point de vue se rapproche davantage de celui d’Abû Tâlib. D’ailleurs, la remarque d’Abû Tâlib sur l’abandon d’al-Mut’im prend tout son sens lorsqu’on la considère sous cet angle.
Les négociations s’achevèrent donc par un échec total. Cela n’a rien d’étonnant, puisqu’il s’agissait de principes fondamentaux. Les Quraysh ne voyaient donc plus d’autre issue que d’étendre leur campagne de persécution à tous les musulmans. Chaque clan se vengea de ceux de ses membres qui étaient devenus musulmans. Désormais, même les jeunes gens nobles et libres étaient victimes de la campagne des Quraysh. Les mauvais traitements se généralisaient.
La persécution se généralise
Mus’ab ibn ‘Umayr appartenait à une famille riche. Sa mère lui fournissait tout ce qu’il désirait. C’était peut-être le jeune homme le plus beau, le plus élégant et le plus brillant de La Mecque. Pourtant, lorsqu’il devint musulman, il fut emprisonné par les siens et même sa mère s’opposa à lui.
‘Uthmân ibn Affân, qui appartenait au clan des Umayyades, était issu d’une famille noble. Cela n’empêcha pas son oncle al-Hakam ibn Abî al-As de l’attacher à un poteau en jurant de ne pas le détacher tant qu’il n’aurait pas renoncé à l’Islam.
‘Uthmân répondit qu’il n’y renoncerait jamais quelle que soit la pression exercée sur lui. Sa’d ibn Abî Waqqâs, qui était très attaché à sa mère, subit des pressions de sa part : elle pensait pouvoir utiliser son amour filial pour le détourner de l’Islam. Après quelques menaces qui ne la menèrent à rien, Sa’d lui dit :
« Mère, si tu avais cent vies et que tu les perdais l’une après l’autre, je n’abjurerais pas l’Islam pour t’épargner. »
Même Abu Bakr n’était plus à l’abri. Un jour, il prit la parole pour inviter les gens à croire en Dieu et Son messager. Certains l’insultèrent. Il y eut bientôt une bousculade et Abu Bakr fut attaché par plusieurs personnes dont ‘Utba ibn Rabî’a, qui le frappa au visage avec ses chaussures. Lorsqu’il fut secouru par ses contribules, ils le crurent mort. Le soir venu, il reprit ses sens. Sa première question fut pour le Messager de Dieu. Il ne voulut pas se reposer avant d’avoir été conduit près de lui.
On l’emmena à la nuit tombée et il marcha, soutenu par sa mère et par une femme musulmane, jusqu’à la maison du Prophète (saws). Ce dernier fut très peiné par ce qui lui était arrivé. Il parla à sa mère et elle devint musulmane, ce qui réjouit Abu Bakr.
Abu Tâlib suivait de près l’évolution de la situation à La Mecque. Il s’inquiétait de plus en plus pour son neveu Muhammad (saws). Il demanda donc à son clan de s’engager solennellement à protéger Muhammad contre tout mauvais traitement qu’il pourrait être amené à subir. Tous les membres du clan répondirent favorablement à son appel, à une exception près : Abu Lahab.
Bien qu’étant l’oncle du Prophète (saws), il demeurait en effet violemment opposé à l’Islam et prenait part avec les autres membres de Quraysh à la campagne de persécution. Abu Tâlib fut néanmoins extrêmement satisfait de ce soutien. Il exprima ses sentiments dans un long poème où il faisait l’éloge de son clan et rappelait aux Quraysh leur noble passé. Le Prophète (saws) put ainsi poursuivre sa prédication en bénéficiant d’une protection sûre.